Aurélien Pradié en mission pour rétablir les droits des personnes en situation de handicap (27 décembre 2018)

Aurélien Pradié : «Il faut trouver l'équilibre, protéger et ne pas priver de liberté». / Photo DDM, Marc Salvet

Le député du Lot Aurélien Pradié a débuté en ce mois de décembre une mission parlementaire de six mois pour les droits des personnes sous tutelle ou sous curatelle.

Qu'est-ce qui a motivé votre engagement ?

 Cette question des majeurs protégés m'a préoccupé, ça touche beaucoup de monde. En France, ça concerne un million de personnes, derrière, le double voire le triple de familles. La mise sous tutelle ou sous curatelle, j'ai vu à quel point, ça a été des solutions pour protéger les citoyens. Des solutions mal vécues par les familles. Je me suis battu un an pour mener cette mission parlementaire.

Pourquoi ce combat ?

C'est un sujet sur lequel on ne voulait pas trop ouvrir les yeux. Il passe inaperçu. C'est compliqué, je ne mets personne en cause, je tiens à le préciser. On a voulu prendre ce sujet sous l'angle des droits fondamentaux, par lâcheté on en est venu à renier ces droits fondamentaux. On a fait beaucoup d'auditions à l'Assemblée nationale. C'est un sujet que j'ai énormément côtoyé dans mes permanences. C'est dans le rôle du député d'avoir une mission d'enquêteur. Il faut s'assurer que ces majeurs protégés ne sont pas de citoyens de seconde zone. Il faut trouver l'équilibre, protéger et ne pas priver de liberté. C'est un vrai sujet.

Quels sont les droits fondamentaux ?

Il y a la question du droit de vote, avec la loi, il y a eu une évolution, mais concrètement, pour une personne aveugle, comment ça se passe ? Il y a la question du mariage. On doit tout faire pour que la volonté des personnes sous tutelle ou curatelle soit respectée, ça fait partie des choix fondamentaux. Il y a la question des soins, on ne peut pas les imposer. Si la personne refuse un soin, on a tendance à contourner son intention. Tout ça fabrique beaucoup de colère sociale. Il y a la liberté à choisir son lieu de vie, ça concerne les Ehpad, les jeunes en situation de handicap placés dans des lieux inadaptés. Hugo Horiot m'a éclairé sur des prises en charge choisies et d'autres imposées. Concernant plus particulièrement l'autisme, j'ai échangé avec l'avocate Sophie Janois. Elle m'a ébranlé.

Concrètement, comment allez-vous mener cette mission ?

Nous allons aller sur le terrain, rencontrer entre autres des magistrats. Ce type de sujet donne du sens à la mission du député. Il faut contrôler qu'il n'y a pas de zones de non droits, donner un coup de projecteur sur ceux qui sont dans l'ombre. Il faut faire en sorte que les libertés et droits fondamentaux soient respectés. Nous allons nous rendre en Italie, en Norvège, en Amérique centrale pour voir comment ça passe. Ce sont des pays avec des bonnes et moins bonnes expériences. Les pays norvégiens sont en avance sur la citoyenneté. Nous allons rencontrer la déléguée générale de l'ONU qui s'occupe du handicap. Si on arrive à ce que la situation de ces un million de personnes aille bien, ça sera une victoire. Au terme des six mois, nous allons lister une série de propositions pour que ces citoyens puissent retrouver leurs droits.


Hugo Horiot, Sophie Janois

Hugo Horiot, acteur, est l'auteur de «L'Empereur, c'est moi», «Carnet d'un imposteur», «Autisme : j'accuse !». Sophie Janois, avocate entre autres des autistes est l'auteure de «La cause des autistes». Plus d'infos sur www.hugohoriot.com et www.sophiejanois.fr

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