Handicaps : là ou le bât blesse ! (11 février 2010)
Le 11 février 2010.
Communiqué de presse
Handicaps : là ou le bât blesse !
Cinq ans après la promulgation de la « grande » Loi handicap, l'APF (Association des Paralysés de France) fait le point des avancées et pointe les diverses avancées et retards de notre société.
Un révélateur, l'accessibilité :
L'APF a décidé de créer un baromètre de l'accessibilité afin de pouvoir évaluer l'état d'avancement de mise en accessibilité de la France. Selon la loi handicap du 11 février 2005, les établissements recevant du public (ERP) et les transports publics devront être accessibles à tous en 2015 ; le 11 février 2010 sonne la mi-échéance de cette loi, l'occasion de faire le point sur l'accessibilité des chefs-lieux départementaux français. A cahors, le constat est plutôt négatif. Classée au 62 ème rang national, notre chef lieu départemental bénéficie d'un sur-classement du fait d'une volonté affichée par les élus intercommunaux d'engager des actions sur l'accessibilité en septembre dernier lors de l'établissement du questionnaire sur le baromètre. Depuis, plus rien. Des engagements avaient été donnés pour permettre de collaborer avec les associations de personnes handicapées, mais ils n'ont pas été tenus.
A Cahors, de graves lacunes :
Le transport public est le lieu majeur de la discrimination : pas de lignes ni d'arrêts accessibles, pas de transports adaptés, alors que l'obligation légale donnait le 11 février 2008 comme date butoir pour établir un schéma directeur de transport !
Les équipements municipaux ne sont que partiellement accessibles (services de la mairie, écoles, stade) et le point noir demeure le stationnement. En effet bon nombre d'emplacements réservés sont soit hors normes, soit mal placés ou disparaissent à l'occasion de travaux sans concertation. Une commission intercommunale d'accessibilité devait se tenir depuis le 11 février 2005, la première a eu lieu en septembre 2009 ! Cela explique le manque de concertation pour les aménagements de voirie et la non-présentation du rapport annuel d'accessibilité au conseil communal, et l'inexistence du recensement de l'offre de logements accessibles. Pour l'accès aux cabinets médicaux et paramédicaux, malgré un effort de certains, les lieux de la pratique médicale inaccessibles sont nombreux et engendrent une discrimination renforcée par les difficultés financières d'accès aux soins. Quand aux loisirs, rien ou si peu : un cinéma inaccessible, des musées ou monuments engoncés dans des réglementations tatillonnes, et les mauvaises volontés de certains fonctionnaires en rajoutent une couche.
Au plan départemental, toujours des freins :
Pour les transports dans le Lot, le constat est le même qu'à cahors : il n'existe pas de transport adapté et les rares possibilités offertes (SNCF, TER) ne sont que des gouttes d'eau dans un désert d'isolement. Les commissions intercommunales qui devraient se tenir depuis février 2005 ne sont pas en place : communautés de communes de Serre-Dordogne, du Pays de Souillac, Figeac Communauté, Causse Ségala-Limargue, Pays de Lalbenque.
Des avancées ?
La création du guichet unique Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) a été un « Booster » de l'action sociale en faveur des familles et des personnes handicapées. En effet, la reconnaissance de certains handicaps rares ou méconnus, la prise en compte des besoins des personnes par une évaluation pluridisciplinaire et la création de nouveaux droits de compensation ont donné un élan nouveau et donné aux personnes l'assurance d'être reconnus dans notre société.
Les réglementations d'accessibilité ont demandé aux communes de réaliser le plan d'aménagement de la voirie et cela engendré dans le Lot un réel travail sur le terrain mais aussi dans les mentalités des décideurs : l'accès aux services par les administrés d'une commune sont ainsi repensés avec la plus grande équité possible. (L'APF ne recense plus les bureaux de vote inaccessibles depuis qu'une loi a obligé leur aménagement, par exemple).
Le schéma départemental des transports a été adopté par le conseil général, gageons que la volonté de travail affichée sera le moteur des collaborations entre les divers organisateurs de l'offre de transport publique !
La scolarisation des enfants handicapés a été favorisée et mieux organisée, et il en résulte un taux de scolarisation bien plus supérieur aux moyennes antérieures, surtout pour l'accès aux lycées et l'inscription en cursus supérieur. L'acceptation des personnes handicapées dans la société devrait donc s'améliorer grâce à l'école, lieu de socialisation par excellence.
En guise de conclusion, il ne faut pas perdre de vue que les avancées de la loi de 2005 sont remises en question constamment par les lobbies, le gouvernement, la crise financière ( qui a bon dos, cinq ans plus tard ! ). La volonté affichée par certains élus est entachée par l'immobilisme de certains autres. L'APF ne baissera pas les bras et continuera à collaborer avec tous les partenaires, qu'on se le dise.