Réparer la moelle épinière: une étape importante franchie (29 novembre 2012)

Restaurer, régénérer, réparer… Peu importe le vocabulaire lorsque l’on souffre de graves lésions médullaires entraînant une perte des fonctions motrices. Les équipes de chercheurs travaillant de par le monde sur cette thématique utilisent différentes stratégies. Bien entendu, il faut prendre les précautions d’usage -la recherche dans ce domaine se chiffrant en années- mais une, en particulier, donne une succession de résultats positifs. L’approche consiste à reproduire une blessure de la moelle épinière chez l’animal afin de causer une paralysie (hémiplégie au niveau des pattes arrière) et d’essayer ensuite de la soigner en suivant un protocole donné. L’effet thérapeutique de ce type d’expérience est des plus concrets à évaluer : l’animal doit être capable après traitement de remarcher.

Ceci a été démontré avec succès et à différentes reprises chez le rat et la souris, animaux de laboratoire par excellence. Nous avions d’ailleurs relaté récemment sur ce blog les

résultats encourageants obtenus par une équipe Suisse chez le rongeur. Restait à tester ces techniques régénératrices sur des blessures réelles et non pas sur des animaux de laboratoire chez qui les lésions sont volontaires et contrôlées. Voilà qui vient d’être fait. Avec succès.

 

Première mondiale

 

Une équipe de scientifiques anglais (Université de Cambridge), codirigée par le professeur Robin Franklin, a "emprunté" à leur maître pas moins de 34 chiens, tous victimes de traumatismes de la moelle épinière passés, les privant de l'usage de leur train arrière. La plupart sont des teckels chez qui, pour des considérations anatomiques, ce type de paralysie se produit assez fréquemment à la suite de blessures diverses.


Le traitement a consisté à injecter à l'endroit de la blessure des cellules olfactives provenant des cavités nasales de ces mêmes animaux. Ce type cellulaire fonctionne à l’image d’une cellule souche. C'est-à-dire que la cellule conserve la capacité de se développer en n'importe quel autre type de cellule de l'organisme avec qui elle est mise en contact. Les cellules de l’olfaction ont donc le potentiel de reconstruire des liaisons nerveuses sectionnées et de rétablir les connexions neuronales en remplaçant les neurones détruits. Leur utilisation et leur intérêt sont d’autant plus prometteurs qu’elles continuent à exister et à se développer à l’âge adulte.


Prélevées dans les conduits olfactifs des chiens puis mises en culture, les cellules olfactives ont été ensuite réinjectées sur le site de la lésion médullaire pour 23 des chiens blessés, les 11 autres servant de groupe témoin (injection placebo).


Quelques mois après, la plupart des chiens traités avec leurs propres cellules olfactives ont retrouvé la mobilité de leurs pattes arrière et réussissaient à marcher avec l'aide d'un harnais sur un tapis roulant. En revanche, aucun des animaux ayant reçu le placebo n'a montré de progrès…

 

 


« Nos résultats sont très encourageants car c'est la première fois que l'on montre que la greffe de ce genre de cellules produit des progrès visibles après un traumatisme sévère de la moelle épinière, explique le professeur Robin Franklin. Nous pensons que ce genre de traitement pourrait permettre à des patients humains de retrouver au moins une partie de leurs fonctions motrices, mais nous sommes loin de pouvoir promettre qu'ils retrouveront toute leur mobilité perdue. »


Les essais sur l'homme prévus dans un proche futur permettront de valider ces résultats et d’estimer, s’ils sont positifs, le pourcentage de capacité motrice potentiellement récupérable.


Article d'O. Clot-Faybesse de Faire Face

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