L’accessibilité pour les handicapés devrait être une priorité (14 novembre 2013)

Santé et société avec slim Lassoued

 C’est par ces mots que le Dr. Slim Lassoued, chef du service de rhumatologie de l’hôpital de Cahors et Conseillé scientifique de l’ANDAR (Association de Défense contre l’Arthrite Rhumatoïde) du Lot/Aveyron, a répondu à notre première question, « L’accessibilité est-elle une priorité"?

" L’accessibilité pour les handicapés devrait être une priorité pour les responsables des communes dans l’organisation de la cité afin que le handicap ne pose plus de problème aux personnes qui ont des situations différentes et diverses (il y a le handicap physique mais aussi le handicap mental) pour accéder, tout comme les malvoyants. Bien d’autres pays développés sont plus en avance que nous, par exemple, au Japon, il y a un marquage au sol facilement repérable pour les malvoyants qui le mène jusqu’à l’arrêt pour traverser une chaussée. Il y a une législation (Loi de 2005, à échéance 2015), mais son application pose problème. On peut aussi se demander si les handicapés, étant un peu marginalisés dans la société et n’étant pas des électeurs potentiels, ne passent pas un peu à coté »

UNE SOCIÉTÉ CHANGEANTE

« Le vieillissement de la société est une bonne chose qui, médicalement, se fait bien. On ne peut pas dire que le vieux est un handicapé. Mais, statistiquement, le risque de handicap croît avec la vieillesse. Ce que je constate c’est que les trottoirs ne sont pas de bonne qualité et dans les villages quasiment inaccessibles. Ne pourrait t’ont pas rajouter, dans les impôts locaux, une part pour le handicap pour faciliter l’accès aux lieux publics aux handicapés . Notre société devient violente, intolérable, les incivilités se multiplient. Une agressivité de plus en plus affichée, des mots de rejet, de xénophobie utilisés par les politiques, dans la presse… cela fait que tout le monde s’en fout ! Ce qui montre une forme de décadence de l’esprit. C’est une forme de rupture du contrat social. Il faut revenir à la base : l’éducation, l’enseignement, mais aussi les parents. Les victimes sont les plus faibles, dans notre société, les plus pauvres, puis les handicapés. La surdité est un handicap terrible car il ne se voit pas : rien n’est fait pour les sourds. Quant au handicap mental, autrefois on l’acceptait : on l’appelait « le fou du village ». A présent, on lui donne des médicaments. Mais, quand les responsables sont touchés eux même ou dans leur famille, là ils interviennent. L’Alzheimer, personne ne s’y intéressait jusqu’à ce que des gens disent : Moi, j’ai ma mère, ma tante, etc. Ce n’est pas l’Alzheimer qui a fait bouger : jamais vous ne verrez une rue bloquée par les handicapés, par les plus pauvres".

Et, pourtant, il y a des handicapés qui brisent cette loi du silence par leurs exploits : les basketteurs en fauteuil de Cahors, ces Françaises et Français qui ont participé aux Jeux Paralympiques, et qui ont gagné des médailles. Jeux qui, d’ailleurs, n’ont pratiquement pas été médiatisés. En entreprise, il y a un pourcentage d’emplois réservés aux handicapés. Si on faisait un sondage pour savoir si ce pourcentage est respecté, dans le Lot, vous risqueriez d’être surpris. Et, pourtant, Intouchable, le film qui a eu le plus de succès, l’an dernier, avait comme héros un tétraplégique et un jeune homme noir (la négritude est une autre forme du handicap dans notre société). Mais, ce tétraplégique était riche.


Source : Petit journal du Lot du 7 novembre 2013

| Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : accessibilité, handicapés |  Imprimer |  Facebook