"wound wand"

  • Soins des escarres en première mondiale

    « En un quart d'heure à peine, la plaie souillée laisse place à une chair saine.

     

    Une première mondiale a eu lieu en France mercredi 23 février à l'hôpital Lapeyronie de Montpellier (34) : la détersion parfaite d'une plaie profonde grâce à une nouvelle technique chirurgicale, venue des États-Unis. Fondateur de l'unité des plaies et cicatrices où l'événement s'est déroulé, le Docteur Luc Téot répond aux questions de Faire Face.


    FF : L'appareil utilisé par vos soins pour la première fois en France mercredi dernier vient des États-Unis. Comment avez-vous été informé de son existence et formé à son utilisation ?


    Docteur Luc Téot : L'outil est conçu et fabriqué par la compagnie américaine Arthrocare, à Austin, Texas. Celle-ci nous a sélectionnés parce que nous sommes la première équipe française spécialisée dans les problèmes complexes de plaies. Certainement aussi parce que je suis le président de la  Société mondiale des Plaies et Cicatrisations et directeur du journal scientifique Wound Technology. L'équipe d'Arthrocare nous a rendu visite pour mener ensemble plusieurs séances d'essais. Convaincus, nous avons persuadé les décideurs.

     

    FF : Comment utilisez-vous cette nouvelle technique et pour quels bénéfices ?


    Dr L.T : L'intervention se fait avec ou sans anesthésie selon la sensibilité du patient. Avant l'outil américain, nous devions gratter la plaie avec une curette, sans plus de précision dans le geste. Et surtout, s'il restait des germes, la peau greffée s'infectait et ne prenait pas.

     

    Aujourd'hui, l'outil en question, le Wound wand, c'est-à-dire ''débrideur de plaies'', de la forme d'un fin stylo, présente une sonde qui désintègre toutes les cellules nécrosées et les aspire. En un quart d'heure à peine, la plaie souillée laisse place à une chair saine, raccourcissant ainsi le délai de cicatrisation. À ce jour, nous en sommes au stade des hypothèses mais tout porte à croire en la destruction des germes sur 5 à 6 jours, ce qui améliore la qualité de la greffe de peau qui s'en suit. D'ici un mois, nous diffuserons un rapport auprès de la communauté scientifique.


    FF : Quels types de plaies peut soulager ce précieux outil ?


    Dr L.T : Toutes les plaies dites ''complexes''. Celles-ci composent 10 % des plaies chroniques. Malgré différentes tentatives, ces plaies ne cicatrisent pas depuis plus d'un an : brûlures, fractures ouvertes, ulcères de jambes, plaies du diabétique, escarres paraplégiques et non paraplégiques, par exemple. On estime que, passé un délai de six mois, ces plaies ne se refermeront pas. D'où de graves conséquences physiques et psychologiques pour le patient.


    FF : À l'heure actuelle, les patients nécessitant ce type d'intervention sont-ils nombreux ?


    Dr L.T : Oui, le délai d'attente est actuellement d'environ huit semaines, sauf en cas d'urgence bien sûr.

     

    FF : À votre avis, cette innovation chirurgicale fera-t-elle des émules auprès d'autres CHU ?


    Dr L.T : Assurément. Toutes les équipes spécialisées vont s'en emparer : dès le mois d'avril, l'hôpital parisien Rothschild la testera, suivi du CHU de Caen (14) fin 2011 et d'autres suivront. En plus de ces progrès thérapeutiques, la démarche est convaincante aussi sur le plan financier, argument non négligeable aujourd'hui.


    Propos recueillis par C.B


    Source: faire-face.fr

     

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