L'ostéoporose consiste en une perte progressive de la matière osseuse, délicate à évaluer. À l'heure actuelle, il n'y a pas beaucoup de moyens de détecter un déficit de matière osseuse aux premiers stades de la maladie, sans un examen de type scanner ou radio.
Par conséquent, elle ne sera souvent détectée chez les personnes qui peuvent en souffrir patients fragiles ou âgés que trop tard, par exemple, lorsqu’une douleur se manifeste ou lors d’une chute qui entraîne une fracture.
Pour dépasser ce problème de diagnostic, des chercheurs américains ont eu l’idée d’emprunter à la géologie une technique utilisée pour l’étude fine de la constitution des roches. Ils ont en quelque sorte "détourné" son application première pour s’en servir à mesurer, non pas les atomes d’une structure minérale, mais le calcium, constituant de nos os. Lorsque l’ostéoporose se produit, ce calcium (plus précisément ses isotopes, c'est-à-dire les atomes ayant un noyau avec un nombre de protons identique mais un nombre de neutrons différent), se retrouve alors dans les urines sous forme de traces.
Le principe consiste donc à mesurer à travers un test urinaire, les quantités d’isotopes du calcium, dont la teneur variera selon la perte de masse osseuse.
Une étude financée par la Nasa
Ces travaux ont été subventionnés par la Nasa, l'agence spatiale américaine. La raison ? Dans l'espace, en dehors de la contrainte de la pesanteur, les astronautes sont souvent affectés par une diminution difficile à détecter de leur masse osseuse. C'est un problème important qui complique les projets de voyages spatiaux lointains, vers Mars notamment.
Des tests ont été réalisés par les scientifiques de la Nasa sur une dizaine de volontaires, à qui on a demandé de rester allongés pendant 30 jours, une situation sans effort qui entraîne rapidement une perte de matière osseuse. L'analyse isotopique a été assez fine pour montrer des signes de pertes osseuses au bout seulement de dix jours d'alitement.
Les prochaines étapes des recherches vont viser maintenant à étalonner la technique sur des patients souffrant de maladies des os, comme l'ostéoporose ou certains cancers des os. Comme le souligne le professeur Ariel Anbar, principal auteur de l'étude parue dans les comptes-rendus de l'Académie des sciences américaine (PNAS),
« si nous pouvions, chez les patients à haut risque, détecter plus tôt grâce à une analyse urinaire ou sanguine, toute perte de masse osseuse avant qu’elle ne soit trop importante, cela améliorerait nettement leur traitement ».
Article d'O. Clot-Faybesse de Faire Face - Photo Inserm/Patrice Latron